jeudi 20 septembre 2007

L'état des arts



Aujourd'hui, après un excellent déjeuner dans un resto jadis fréquenté par la Mano Negra et tenu par Philippe, un Savoyard installé ici depuis plus de vingt ans, balade avec Michelle dans la Candeleria, le plus vieux quartier de Bogota.





Ça grimpe bien...




mais quand on est dans le bon sens, ça laisse plus d'air pour parler...




...d'art notamment. Sujet que Michelle, ancienne étudiante des Beaux-Arts, connaît bien.

La promenade s'y prête. Dans ce secteur populaire de Bogota, où transitent chaque jour plus d'un million et demi de personnes, l'atmosphère est chaleureuse. Elle enclin à la bonne humeur.




Le quartier est fréquenté par beaucoup de jeunes. D'une part parce qu'il est bordé par plusieurs universités, et d'autre part, parce qu'il est un des centres culturels les plus actifs de la ville. S'y trouve tout d'abord le musée Botero.

Tout le monde connaît ces tableaux lassants de grosses bonnes femmes, qu'on voit partout ici. La partie du musée qui lui est réservée laisse l'impression désagréable de visiter un salon de couvercles de boîtes de crottes en chocolat. Incontournable, mais dispensable.

En revanche, sa collection privée, dont il a fait don à l'état, est impressionnante. Toute sa vie, Botero a échangé des œuvres avec certains de ses contemporains. Ainsi, en dehors de quelques toiles impressionnistes achetées, y trouve-t-on des tableaux signés Picasso, Bacon ou Miro, des mobiles de Calder, des bronzes de Giacometti, etc...




C'est dans la Candeleria que se trouve aussi la Bibliothèque Luis Angel Arango, la plus grande d'Amérique du Sud. Assez paradoxal, lorsqu'on sait que l'édition est, en Colombie, un secteur sinistré. Les livres y coûtent horriblement cher. Il n'y a, il est vrai, pratiquement aucun éditeurs nationaux, et le marché est laissé à des groupes argentins, mexicains ou chiliens. Pour le reste, les traductions sont souvent bâclées ou pire, achetées en seconde main en Espagne, et donc illisibles, truffées de colloquialismes incompréhensibles pour les Sud-américains.

En revanche, au niveau des Arts Plastiques, la Colombie n'est pas en reste.




C'est, bizarrement, à la Casa de la moneda (l'équivalent de l'Hotel de la Monnaie à Paris), qu'il faut se rendre pour découvrir l'une des plus intéressantes collections d'art contemporain du pays. Cela s'explique par le fait que jusqu'à très récemment, les prix dont était dotés les artistes, étaient alimentées par la Casa, qui, en échange, gardait l'œuvre récompensée.

Si certaines sont assez anodines, on en trouve de remarquables. Beaucoup tournent autour du conflit qui marque la Colombie depuis près de cinquante ans. Elles évoquent la violence, la disparition, la mort.

Certaines toutefois sont plus légères, comme celles de Juan Camillo Uribe.




Cette pièce par exemple, est remplie de ces petites visionneuses qu'on vend ici aux touristes et au fond desquels on glisse une diapo d'eux, en souvenir.




Celles-ci laissent apercevoir des clichés fait par Uribe, et qui peuvent représenter tout et n'importe quoi. Au visiteur de trouver son chemin dans la forêt de fils pendus au plafond et de se laisser aller à la joie enfantine de glisser un œil où bon lui semble.

Uribe est aussi un artiste obsessionnel. Marqué par son éducation religieuse, il s'amuse à détourner l'iconographie latino, pour la démystifier.




Art ludique et gentiment irrévérencieux, c'est une autre des facettes de cette scène artistique colombienne, qui gagnerait à mieux se faire connaître.




La promenade s'achève sur la place Simon Bolivar, close au sud par le palais présidentiel. Le temps d'y attraper un taxi qui va nous déverser dans les oreilles la soupe habituelle de la FM. Elle est ici sensiblement pire que chez nous (c'est peu dire !). Le marché de la musique tourne en circuit fermé. Sorti du folklore et de la colle variétoche, difficile de faire son trou si on ne fait pas de la muzak ou de la reprise en espagnol de tubes saugrenus. Ainsi depuis le début de séjour me suis-je vu infliger une cover de Hotel California, de Voyage, Voyage (hé ouais...) et de Besame Mucho (qui depuis 40 ans, est l'indétrônable numéro 2 au top des musiques d'ascenceurs juste derrière Girls from Ipanema).

Grande tendance du moment pour le jeune, le reggeatone. Un truc genre ska-reggae, mais en plus irritant.

À propos... vous savez ce que dit un rasta quand il n'a plus rien à fumer ?

... non ?

"C'est quoi cette musique de merde !!!"

OK, je sors.






Aucun commentaire: